15 juin 2013

6月14日 マリス教授:RDC経済診断 Stefaan Marysse : "L'économie de la RD Congo reste dirigée en fonction des besoins de l'extérieur"

Le vendredi 14 juin 2013
6時、快晴、18℃、55%

ゴマ市(キヴ州)では反政府軍M23に協力したとの嫌疑をかけられた民間人の逮捕があいついているようだ。ゴマ市の諜報機関ANR(Agence nationale de renseignements)が既に20名以上を逮捕してはキンシャサに送っているという。これは一種の復讐であろう。実際には去年11月末ゴマ市に入城したとき真っ先に逃げ出したのは国軍FARDCではなかったのか。

イスラエルとの貿易にはまだアラブ・ボイコットなどが数十年も続いているようだ。アラブの国の政府と契約するためにはイスラエルと直接輸出入関係がないことを宣言しないといけない。ところが英国政府の調査によると、イスラエルがアルジェリア、モロッコ、エジプト、アラブ首長国に近代兵器を輸出していることが判明した。こういうのをプラグマティックというのだろう。

JA Jeune Afrique』誌にRDCコンゴの経済を研究しているベルギーのアントワープ大学教授ステファン・マリス氏とのインタヴューが掲載された。教授は15年以上キンシャサ大学でも教鞭をとっている。
マリス教授は現マタタ首相を高く評価している。マタタ首相の政策のおかげで経済が安定(為替やインフレ)、海外からの投資が増加していると。経済成長率も今年8%を超える。さらにつとに悪評高い贈賄収賄など腐敗についても、ジェカミン(鉱山の殆どの利権を押さえている国営企業)を通して結ばれている不透明な契約、特に飛行機事故で大統領側近亡くなったムワケKatumba Mwake氏やユダヤ人ゲルトラーDan Gertler氏が間に入っていたような契約を見直し透明性を確保する方向を目指している。
これには国際機関とくにIMFや世銀の後押しがある。この辺をしっかり捉え認識していなかったのが日本の総務省(また外務省)なので、64日に引用したような批判を河野太郎氏から浴びることになったのであろう。
RDCコンゴの大統領カビラはムガベのような独裁者ではない。適当に海外の批判に敏感である。だから、たとえばチェベヤ暗殺事件では裁判を遂行する。これは国際的マニフェストである。しかし、一方でこの事件で側近のジョン・ヌンビ将軍に火の粉が及ぶと警察のトップの職から解任するものの無任所の将軍として匿い訴追を免ずる(impunité)のである。首相の任命にしても、強引に側近を首相に選ぶようなことはしない。反対派を含めた周囲、国連やIMF、世銀、EUの顔色を伺いながら、かといって噛まれてしまわないような人選をする。マタタ首相を選ぶのに数ヶ月以上を要した。カビラ大統領が単純な独裁者ではないことはこの国の政治状況判断を難しくさせている。しかし、だからこそ、現実的な、プラグマティックな外交をする必要があるのではないかと僕は思う。
ステファン・マリス教授
アントワープ大
大湖地域研究センター

Interview
Stefaan Marysse : "L'économie de la RD Congo reste dirigée en fonction des besoins de l'extérieur"
JEUDI, 13 JUIN 2013

Chercheur au Centre d’études sur la région des grands lacs de l’Université d’Anvers, Stefaan Marysse suit depuis quinze ans l’économie congolaise. Selon lui, la RD Congo a entamé les premiers pas d’une reconstruction qui pourrait l’aider à se relever.

Le professeur belge Stefaan Marysse est chercheur dans le Centre d’études sur la région des grands lacs de l’Université d’Anvers. Il n’est pas un novice de la situation économique et sociale en République démocratique du Congo. Depuis près de 15 ans, le chercheur belge encadre les enseignants et donne cours à l’Université de Kinshasa. La plupart de ministres congolais qui s’occupent des secteurs économiques, il les a connus « à travers leurs recherches, plutôt que dans leurs bureaux », confie-t-il.
Après son intervention au premier Forum économique international de Kinshasa, qui s’est tenu du 6 au 7 juin, Stefaan Marysse fait le point sur l’état actuel de la RD Congo dont le gouvernement est dirigé, selon ses propres mots, par les « réformateurs ».
Propos recueillis à Kinshasa par Trésor Kibangula

Jeune Afrique : Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’évolution de la situation économique et sociale de ces deux dernières décennies en RD Congo ?

Stefaan Marysse : Le Congo ressemble à un verre, à moitié plein pour les uns, à moitié vide pour les autres. Cela dépend de l’observateur. Mais si on n’a pas vécu dans ce pays pendant les très difficiles années 1990, on ne comprendra pas combien la RD Congo est en train de changer. À mon sens, le pays a entamé les premiers pas d’une reconstruction qui pourrait l’aider à se relever. L’inflation est maîtrisée. Le pays enregistre un succès certain au niveau des indicateurs économiques qui sont désormais passés au vert. Il ne faut pas oublier que la RD Congo revient d’une situation de l’hyperinflation, du vol institutionnalisé de l’État sur sa population. Il y a eu un temps où on produisait ici la « vraie fausse monnaie ». Le gouvernement émettait des séries de billets parallèles aux billets officiels pour se procurer de l’argent. Il n’y avait plus de banque. Et pour s’acheter un poulet, il fallait se promener avec un sac d’argent.

Quel est l’apport du gouvernement Matata dans la consolidation de la situation économique ?

L’actuel premier ministre congolais, Matata Ponyo, a consolidé les réformes appuyées par les institutions financières internationales. À côté de l’inflation qui est jugulée, le code minier a été revisité pour inclure des mesures en matière de transparence, d’appels d’offres et de droits des communautés locales, ce qui attire des nouveaux investisseurs. Et surtout, le gouvernement de Matata a entamé des réformes assez courageuses notamment la bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’État qui pourra ainsi mettre fin à un système opaque basé sur le paiement manuel.
Le problème, c'est la Gécamines.

Des « réformes courageuses », une inflation maîtrisée, une croissance annoncée à 8,3 % en 2013, … Mais pas encore d’incidence réelle sur la réduction de la pauvreté. Comment comprendre ce paradoxe ?

C’est la faiblesse même de la structure de l’économie congolaise. Des performances enregistrées jusqu'ici concernent essentiellement des secteurs extravertis, les mines. Beaucoup de production donc, mais trop peu d'emplois. Conséquence : cet essor énorme du secteur cuprifère et cobaltifère – la RD Congo est redevenue numéro un mondial d'exportation de cobalt – entraîne très peu de retombées sur le reste de l'économie congolaise. Et cette dernière reste très dualiste : d'un côté, le secteur informel qui fait vivre toute la population, et de l'autre, le secteur minier très intensif en capital mais qui emploie peu. Entre les deux, il n'existe presque pas d'industries qui pourraient faire en sorte que cet essor minier ait des effets en amont et en aval. On reste donc dans une économie d'enclave, dirigée en fonction des besoins de l'extérieur. C'est pourquoi les Congolais ne ressentent pas au quotidien les effets des changements en cours.

Au même moment, l'ITIE, Africa progress panel ou encore le Fonds monétaire international (FMI) continuent à dénoncer l'opacité dans la gestion des ressources naturelles...

Le problème, c'est la Gécamines. La société congolaise des mines ne produisait presque plus rien depuis près de deux décennies. Transformée en société anonyme en 2010, elle est restée tout de même le dépositaire du sous-sol congolais. Il fallait donc toujours passer par elle pour obtenir une concession minière. Ainsi, elle a signé 34 partenariats avec des entreprises privées internationales, certaines sérieuses mais d'autres assez critiquables. Elle en a tiré des dividendes qui devraient normalement être versées à l'Etat, mais ce n’a pas été le cas. Qu'est-ce qu'elles sont devenues ? C'est l'opacité totale. Entre 2008 et 2011, la Gécamines a été donc mêlée dans toutes ces ventes d'actifs miniers opaques qui sont aujourd'hui décriées. Feu Katumba Mwanke et Dan Gertler, deux proches de la présidence de la République, ont largement contribué à la construction de ces contrats, officiellement, en faveur de la Gécamines...

Et que fait l'actuel gouvernement pour mettre fin à cette situation ?


Aujourd’hui, la RD Congo a rejoint aujourd'hui l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Et dans son programme avec le gouvernement congolais, le FMI exige également plus de transparence dans la vente des actifs miniers. Cette pression de l'extérieur, appuyée par quelques personnes de l'intérieur qui militent pour des réformes, rend de plus en plus difficile la conclusion des contrats opaques. Cela donne raison et renforce le groupe des réformateurs dans la sphère du pouvoir congolais qui regorge encore quelques adeptes de mauvaises pratiques d’hier. 

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