Le dimanche 17 mai 2015
5時、快晴、22℃、55%。
アフリカや中東から欧州に難民が押し寄せている。
この4月18日夜にはリビアを難民を乗せて出た船が沈没して900名の犠牲者を出した。EU欧州連合はこれまでの予算を3倍にして沿岸警備および難民救済に900万ユーロ/月を充てることにした。
しかし、危険を冒して難民はどういう手段をこうじてヨーロッパを目指すのか。
難民は各自大枚をはたいて仲介業者に渡航依頼をする。借金をして不法侵入をはかるのである。大抵は英国が目的地になる。ギリシャ、イタリア、フランスは経由地になる。フランスは反対しているが、EUは仏独西伊などに難民受入数を割り振った。
欧州に橋渡しする業者を探すのにFacebookが使われている。
下記の記事を書いたジャーナリストが、中央アフリカ共和国(首都バンギ)の住民になりすまして、facebookに仮名で登録、業者に接近した。リビアからの渡航の手配依頼をしたのである。Facebookでは「観光」のカテゴリーになっているページにアクセスして業者に接近した。
業者のある者は渡航候補(難民)に3000ドルを要求したが、他の業者は1000ドルであった。エリトリアからの難民(女性と子供)は5000ドル払ったと国連に証言した。タリフはない。交渉である。
リビアは無政府状態だから、業者が跋扈するようになった。
ジャーナリストはトリポリからfacebookで知らされた携帯に連絡することが出来た。しかし、インタヴューはできなかった。
いずれにせよ、多数の業者が存在し、難民を定員オーバーの漁船に乗せて暴利をむさぼっている実態が明らかになった。
ジャーナリストのfacebookを使ったテストは、容易に想像できるプロセスであったと僕は思う。特ダネでもなんでもない。
Facebookを非難しても始まらない。
日本は難民が大挙して目指す国にはなっていない。しかし、たとえば北朝鮮や中国で、あるいはシベリアで内戦があればどうなるかわからない。
多数の難民が日本海で遭難するような時がこないことを祈ろう。
アフリカからの欧州移民希望者は増えこそすれ減る気配はない。
Nous avons discuté avec un passeur de
migrants sur Facebook: voici comment fonctionne son business
Camille Belsoeur et Vincent Manilève Monde
08.05.2015
Organiser un voyage illégal entre la Libye
et l'Italie grâce à Facebook est d'une facilité déconcertante. L'affaire était
réglée en quelques jours.
Dans la nuit du 18 au 19 avril dernier, un
bateau rempli de migrants en provenance de Libye faisait naufrage au large des
côtes italiennes, provoquant la mort de plus de 900 personnes. Dans la foulée,
et sous la pression de plusieurs chefs de gouvernements, l’Union européenne a
décidé de tripler le budget de l’opération Triton, censée aider l'Italie à
faire face à l'afflux de migrants. Désormais, 9 millions d’euros par mois
seront consacrés à la surveillance des côtes de l’Europe et au sauvetage des
migrants.
L’UE compte également agir sur Internet, et
plus précisément sur le réseau social Facebook, où les passeurs traquent
d’éventuels «clients». Les décideurs européens ont fait part de leur volonté de
bloquer les comptes, les publicités et les groupes créés par les passeurs sur
le réseau social, où il est très facile de trouver des pages proposant des
voyages clandestins de la Libye ou la Turquie vers l'Italie.
Nous avons pu lire sur certaines pages,
écrites en arabe et traduites dans des journaux américains ou par nos soins sur
Google Translate, des conseils de voyage pour les migrants et même des offres
de voyages moyennant plusieurs centaines de dollars. De vraies pages
communautaire donc, classées dans la catégorie «tourisme et voyage» par
Facebook. Le Financial Times en recensait quelques-unes, dans un article publié
sur son site, lorsque nous avons commencé à travailler sur cet article. À sa
publication, ces pages existent toujours sur le réseau social.
C'est en piochant des noms de passeurs
diffusés par le quotidien britannique que nous avons commencé, via Facebook, à
les pister. Pour cela, nous avons d'abord créé un personnage fictif: Odilon
Tando –mélange d'un prénom et d'un nom parmi les plus usités en Centrafrique–,
jeune homme centrafricain qui, après avoir traversé une bonne partie de
l'Afrique en camion pour rejoindre la Libye, cherche à embarquer pour l'Europe.
Il a fallu créer un profil Facebook à son nom, avec une fausse photo de profil,
publier quelques posts de sa vie imaginaire à Bangui pour plus de crédibilité
et utiliser un réseau privé virtuel (VPN) pour simuler une connexion internet
depuis la République centrafricaine. Nous avons ensuite ajouté quelques
utilisateurs Facebook (dont certains identifiés comme étant des passeurs par
d'autres médias) et entamé la conversation. Les premières réponses n'ont pas
tardé à arriver, quelques heures ou quelques jours après les premières prises
de contact.
Impression écran du profil d'Odilon Tando
Le passeur a répondu au bout de 13 heures:
il demande 3.000 dollars pour la traversée
Nous avons fait le choix de dissimuler
notre identité pour approcher au mieux les passeurs et comprendre leurs
méthodes, un objectif impossible à atteindre si nous avions expliqué d'entrée
être journalistes –ce que nous avons néanmoins dit à nos interlocuteurs à la
fin de la discussion.
Mais le passeur qui nous a répondu ne nous
a pas posé de questions sur notre (fausse) identité. Il a répondu à notre
premier message au bout de 13 heures en évoquant simplement le montant en
dollars exigé pour le voyage. Dans la semaine qui a suivi, nous avons échangé
une quinzaine de messages, avec à chaque fois des réponses brèves, factuelles,
parfois incompréhensibles et souvent envoyées en pleine nuit. Le passeur a néanmoins
insisté sur trois points: l'argent, l'organisation de la traversée une fois à
Tripoli. Et l'absence de dangers du périple...
1. Le
prix d'une traversée
Odilon Tando: Salut. Parlez-vous anglais?
Je suis un jeune homme de République centrafricaine et j’essaye de trouver un
bateau en Libye pour aller en Europe. Quelqu’un m’a dit que vous pouvez
organiser ça. C’est vrai? Combien ça coûte?
Passeur: Ça va coûter 3.000£
Le passeur évoque ici plutôt 3.000 dollars
(et non livres) comme il nous nous l’expliquera plus tard dans la conversation.
Un autre passeur, qui ne nous répondra qu'une fois, demandera de son côté 1.000
dollars (en réponse à la même demande vers l'Italie). Cette différence de prix
montre toute la difficulté de donner un montant moyen pour ce genre de
traversée, tant les critères varient selon le pays d’origine, le nombre de
personnes, leur âge, et évidemment, les prix pratiqués par le passeur dans un
but de profit. Mais on peut estimer que la fourchette de prix varie de
plusieurs centaines à plusieurs milliers de dollars, comme c’est le cas ici. Il
faut aussi prendre en compte le voyage jusqu’à la côte libyenne, les migrants
venant de toute l'Afrique, et l’éventuelle attente à chaque arrêt. Fin avril,
une femme érythréenne racontait à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés
avoir déboursé au total 5.000 dollars pour elle et son fils. Quelles que soient
les gammes de prix, ces tarifs restent complètement inaccessibles pour les
migrants: par exemple, le salaire moyen en Centrafrique était, en 2012, de 41
dollars par mois (37 euros environ), soit 100 dollars de moins que le salaire
africain moyen.
Une chose est sûre cependant, le trafic de
migrants à travers la Méditerranée rapporte gros. Selon Leonard Doyle,
porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui
répondait à la radio américaine NPR, un seul voyage à bord d’un bateau peut
rapporter au passeur entre «4 et 7 millions de dollars (entre 3,5 et 6,2
millions d’euros). Cela dépend, évidemment, de la taille du bateau et du nombre
de personnes à bord.» Mais là encore, difficile d'établir une moyenne précise.
2. La
Libye, dernière étape d'un long périple
Odilon Tando: Où est-ce possible d’acheter
un ticket pour prendre un bateau? Ai-je besoin de venir à Tripoli? Organisez-vous
des voyages entre la frontière libyenne et l’embarcadère?
Passeur: Ok. Quand tu seras en Libye passe
moi un coup de téléphone, je t’aiderai. Combien êtes-vous? Je m’occupe
uniquement de la traversée en bateau. La terre c’est pas mon domaine. Le bateau
ressemblera à ça (la photo en question est une simple photo trouvée sur
Internet, ndlr). Quand tu seras à Tripoli, appelle-moi. Voici mon numéro
XXXXXXXXXX
Ce passeur est effectivement basé à
Tripoli, ce que nous confirme la géolocalisation des messages qu’il nous envoie
sur Facebook. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est devenue le
principal point de transit pour les passeurs qui envoient chaque jour des
centaines de migrants vers l’Europe. «Le chaos libyen s’est transformé en un lucratif
business qui se fait sur le dos de migrants assez désespérés pour effectuer un
dangereux voyage maritime vers l’Europe», peut-on lire dans le New York Times.
«Il n’y a pas d’autorité centrale dans le pays pour stopper ça. Le business est
en plein boom avec des migrants qui augmentent toujours leurs prix pour acheter
des bateaux toujours plus gros.»
Beaucoup ont eu à endurer enlèvement,
détention, viol et tortures sur leur route
article de l'Irin, institut spécialisé dans
les questions migratoires.
Comme beaucoup de passeurs installés dans
la capitale libyenne, celui avec lequel nous sommes en contact s’est spécialisé
dans les voyages en bateau entre la Libye et l’Italie. Le périple effectué par
les migrants à travers le continent africain pour rejoindre Tripoli ne relève
pas de son business. Pourtant, pour les migrants originaires d’Afrique
subsaharienne –comme notre fictif Odilon Tando–, «traverser la mer n’est que la
dernière étape», souligne une journaliste érythréenne dans un article de
l’Irin, un institut spécialisé dans les questions migratoires. «Avant
d’atteindre les côtes libyennes, d’où partent la majorité des bateaux, beaucoup
ont eu à endurer enlèvement, détention, viol et torture sur leur route.»
La plupart des Erythréens, qui constituent la
population de migrants la plus importante derrière les Syriens, arrivent par
exemple en Libye après un long voyage à travers l'Ethiopie et le Soudan.
«Aujourd’hui, ils sont entre 3.000 et 4.000 par mois à franchir la frontière
entre l’Ethiopie et le Soudan», nous confiait, dans un précédent article,
Léonard Vincent, auteur du livre Les Erythréens.
3. Le
voyage, une traversée «sans danger»
Nous nous soucions de la vie des êtres
humains
Le passeur, contacté sur Facebook
Odilon Tando: Ok merci. Je suis seul. Donc
si j'arrive à Tripoli dans 5 ou 6 jours, savez-vous quand il sera possible
d'aller sur un bateau? Et c'est dangereux de traverser la mer avec votre
bateau?
Passeur: Il n'y a pas de danger, j'utilise
un nouveau bateau. Quand tu arrives contacte moi. Je ne sais pas combien de
temps va durer le voyage car cela dépend si la mer est calme. Nous nous
soucions de la vie des êtres humains.
Dans ces quelques messages, on en apprend
un peu plus sur les conditions de voyage, le passeur nous assurant que son bateau
est sans danger et neuf, ce dernier argument justifiant selon lui les 3.000
dollars demandés pour la traversée. Le Guardian expliquait fin avril que ce
genre de bateau, souvent en bois, est destiné au départ à la pêche et mesure
environ 18 mètres de long. Il peut aussi s’agir de Zodiac provenant des
réserves de l’ancien régime Kadhafi. En général, ils peuvent contenir au
maximum 300 passagers. Or, on a bien vu que certains bateaux en contenaient
plus du triple.
Le passeur que nous avons contacté poussera
le cynisme jusqu’à dire qu’il se soucie de la vie des êtres humains et que le
voyage est sans danger s’il se fait par temps calme.
Si les passeurs privilégient en effet une
mer calme pour lancer leurs bateaux, pas besoin d’une longue dissertation pour contredire
le reste de ses affirmations, il suffit de regarder les chiffres. Selon
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1.750 migrants sont
morts en Méditerranée depuis le début de l'année 2015, soit trente fois plus
que l’année dernière à la même période. Noyades, bousculades à bord,
déshydratation, hypothermie, absence de nourriture, avarie matérielle… Les
risques sont nombreux, mais le premier des dangers vient des passeurs
eux-mêmes. L'agence Reuters expliquait mi-avril que les passeurs font usage de
la violence pour forcer les passagers à monter sur le bateau et abusent
sexuellement de certains passagers. Deux adolescents ayant survécu au naufrage
du 19 avril dernier ont raconté au Telegraph que les passeurs avaient frappé un
homme qui avait simplement demandé à utiliser les toilettes avant le départ.
Une violence et un danger de mort qui ne
décourage pourtant pas les migrants. Selon les estimations de l’OIM, le nombre
de tentatives de traversées pourrait exploser et près de 30.000 migrants
pourraient mourir d’ici la fin de l’année.
Après quelques jours sans nouvelles de
notre part, le passeur nous a recontactés, nous demandant si Odilon était
arrivé à Tripoli. Nous avons décidé de l'appeler sur son téléphone portable.
Après un appel qui a coupé court et un autre sonnant dans le vide, nous avons
pu discuter quelques instants avec lui, le temps d'organiser une interview via
Facebook. «Oui je suis bien un passeur installé à Tripoli», nous a t-il
confirmé. Mais les échanges ont été brefs, la faute à son «mauvais anglais»,
comme il nous l'a confié lors de notre échange téléphonique. Dans son dernier
message, il nous a simplement indiqué que le prochain voyage débuterait dans
deux jours. Un autre passeur avec lequel nous avions échangé et à qui nous
avons dit que nous étions journalistes nous a proposé de répondre à nos
questions, en échange d'argent. Il n'y a pas eu de suite.
Camille Belsoeur et Vincent Manilève
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