Le
jeudi 13 octobre 2016
6時、快晴、26℃、37.5%。
先日Gael Faye『Petit
Pays』を読みたいと書いた。Amazonフランスのサイトをみたら、Kindleで読めるとあった。Kindle端末を僕はもっていない。しかし、無料でPC用アプリ
63Mb)をダウンロード(DL)できる。となると、紙の本をDHLでフランスからルブンバシまで送ってもらうよりずっと安いし確実だ。問題はDLの容量だ。本のページ数によるのだろうが、僕は月20ドルで2.5Gbしかない。だが、充分に検討するに値する。
作者の原稿がいまでも手書きというのは珍しくなっただろう。出版社はデジタルで原稿をもっている。とすれば、デジタル本を積極的に販売してもいいのではないか。コピーされて著作権が犯されないように工夫すればよいと思うがなぁ。
Slate
Afriqueによれば、フランス軍のセルバル作戦以降、マリ中央部が無法地帯と化しているという。イスラムのジハディスト(聖戦の戦士)、武装強盗集団、部族対立(たとえばプル人とトアレグ人)がいりみだれているというのだ。
これはRDCコンゴの東部、旧オリエンタル州、南北キヴ州と同じではないか。収拾がつかない。
マリといえば文化の高い歴史ある国だと僕は思っている。アフリカに数少ない民主主義の国セネガルの隣国である。西アフリカの安定に重要な地域だ。そこが無法地帯とは極めて心配なことである。
Le
centre du Mali est une bouillie où se mélangent djihadisme, banditisme et
rivalité ethnique
Octobre
2016 Slate Afrique
Depuis
l'opération Serval, le centre du pays est devenu une zone de non-droit où se
superposent les conflits.
Alors
que le conflit au nord du Mali s’enlise, un autre foyer d’instabilité politique
lui conteste l’attention des observateurs. Il est situé dans le centre du pays
et comprend deux espaces principaux: le cœur du Macina (région
historico-politique peule, entre Mopti et Ségou), et le Hayré (cercle de
Douentza, plus au nord et à l’est de la région de Mopti).
Le
début de la vague contestataire qui frappe ces zones précède de peu
l’intervention militaire française contre les mouvements djihadistes ayant pris
le contrôle du nord du Mali en 2012. Début 2013, Amadou Kouffa, un prédicateur
peul islamiste originaire du Centre, allié d’Iyad Ag Ghaly le chef d’Ansar
Dine, convoque ses combattants pour étendre vers le sud la zone contrôlée par
les djihadistes.
Cette
attaque fournit le prétexte de l’intervention Serval qui finalement chasse la
coalition islamiste des villes qu’elle contrôlait (notamment Gao, Tombouctou,
Kidal). L’activité djihadiste s’est depuis reconfigurée. Amadou Kouffa, auquel
on prête désormais le commandement de la katibat (brigade) appelée Ansar Dine
Macina (anciennement Front de Libération du Macina), mène toujours des actions
violentes au centre du Mali.
Cible
et dynamiques du «combat» peul
Toutefois
il serait faux d’attribuer la violence politique au centre du Mali aux seuls
mouvements ouvertement djihadistes. Deux autres logiques, au moins, côtoient la
revendication religieuse: celle de l’autodéfense communautaire et celle de la
promotion des intérêts des Peuls pasteurs, plus vulnérables que d’autres
composantes des sociétés peules dans la zone. Par ailleurs, le combat «peul» ne
cible pas exclusivement l’État. Comme souvent dans les contestations à
caractère ethnique déclaré sont visées non seulement les autorités centrales
mais aussi, plus sourdement, les élites communautaires jugées complices de
l’État. À ces logiques politiques s’ajoute, enfin, du banditisme par
opportunisme.
Les
épisodes de violence récents reflètent la variété de ces dynamiques. Ainsi,
Nampala (à l’ouest) a subi, en août 2016, une attaque meurtrière revendiquée
conjointement par des djihadistes et des groupes armés se réclamant de la cause
peule. En mai, des conflits intercommunautaires ont secoué la zone de Dioura,
opposant des communautés bambaras et peules. Plus à l’Est, les tensions
anciennes entre agriculteurs Dogons et pasteurs peuls, exacerbées par l’absence
de l’État depuis le putsch de mars 2012, provoquent régulièrement des
règlements de comptes armés entre les deux communautés.
Enfin,
la frontière entre Mali et Niger est un autre noeud de tensions, entre pasteurs
peuls et tamasheq (appelés aussi touaregs) notamment. Crime organisé, accès aux
ressources naturelles et djihad s’y entremêlent. Ces violences provoquent de
massifs mouvements d’exode vers le Burkina Faso et surtout vers le camp
mauritanien de Mbera et une crise humanitaire profonde.
Des
élites locales pointées du doigt
Dans un
contexte politique mouvant et fragmenté, ces aspirations plurielles ne
fonctionnent évidemment pas indépendamment les unes des autres. Cette
configuration confuse ouvre pour les acteurs des possibilités de
positionnements relatifs multiples (alliances, ruptures, collaborations
ponctuelles, etc.), et pour les observateurs des lignes d’interprétation des
événements et de spéculation non moins nombreuses.
En
2012, la prise d’une partie du centre du Mali par les groupes armés tamasheqs
puis djihadistes a rouvert des fractures entre les composantes au sein de la
société peule mais aussi entre les Peuls et leurs voisins. En l’absence de
l’État et de son armée, les élites locales n’ont pas été perçues comme capables
de protéger efficacement les citoyens contre les Tamasheqs du Mouvement
national de libération de l’Azawad (MNLA), souvent rivaux des Peuls dans
l’accès aux ressources pastorales.
L’éviction
du MNLA par les djihadistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique
de l’Ouest (MUJAO), à l’été 2012, a été vécue par beaucoup comme une libération
partielle. Deux récents rapports très complets, l’un de l’International Crisis
Group et l’autre de l’anthropologue Boukary Sangare détaillent abondamment la
manière dont le MUJAO est parvenu à capitaliser sur l’histoire heurtée des
relations entre Peuls et Tamasheqs, et les craintes suscitées par le MNLA parmi
les populations.
L’absence
de justice
Ces
alliances avec les djihadistes, oscillant entre le pragmatisme et l’adhésion
idéologique, ont été payées au prix fort au lendemain de l’opération française
Serval (2013) contre la coalition islamiste. Dans le Hayré (cercle de
Douentza), selon de multiples témoignages recueillis par la société civile
peule, les Forces armées maliennes, évoluant dans la zone, se sont rendues
coupables de nombreuses exactions: vols de bétail, intimidation des
populations, arrestations arbitraires, et parfois exécutions sommaires.
À ce
jour, aucune justice n’a été rendue concernant ces actes, ou ceux, antérieurs,
commis par les mouvements armés. Plus au sud, dans le cœur du Macina, la
crainte de l’armée et le sentiment d’abandon par l’État existent également.
Mais l’activisme y est plus consistant, prenant la forme du djihad ou
s’exprimant dans le registre ethnique. C’est là qu’opèrent le prêcheur
djihadiste Amadou Kouffa ou la toute nouvellement créée Alliance pour la
sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice
Les
maîtres de la foi
Par ses
prêches, Kouffa a réussi, dans un premier temps, à véhiculer massivement son
message de retour à une époque mythique de la foi prospère, une époque où les
Peuls – aujourd’hui brimés, selon lui – étaient maîtres de la foi. Selon des
témoignages récents, il dirait désormais avoir pour projet de soumettre tout
infidèle à son modèle de foi, et n’avoir aucune considération ethnique.
La
cohésion interne de son mouvement est cependant sujette à spéculations. Ainsi,
de nombreuses recrues de Kouffa sont en fait des jeunes aux mobiles d’action
hétérogènes. Un indicateur de l’endoctrinement variable de ces combattants
(dont le nombre est estimé à quelques centaines) est la versatilité de leurs
allégeances: certains auraient été récupérés, avec l’assentiment de l’État, par
des cadres Peuls au tempérament martial, tels Hamma Founé Diallo.
L’identité
guerrière, plus que djihadiste, de ces jeunes rend en effet possible leur
intégration dans des dispositifs militaires étatique ou para-étatique, en vertu
d’une logique de cooptation sécuritaire dont le Mali s’est fait une spécialité:
ces dernières années, les milices pro-gouvernementales ont été plus actives au
nord du pays que l’armée régulière. Cependant, les personnalités peules
consensuelles auprès des jeunes sont rares, du fait notamment de la
fragmentation des chefferies, et du sentiment de faible implication des
intellectuels peuls sur le terrain.
Par
ailleurs, les tentatives de recyclage combattant de jeunes Peuls dans des
entités non peules comme la Plateforme – coalition des mouvements armés du nord
pro-gouvernementale, essentiellement composée d’Arabes et de Tamasheqs
loyalistes –, restent teintées de méfiance réciproque et invalidées par des
tensions persistantes sur le terrain.
De
fait, la majeure partie du Macina, et tout le Hayré, continuent de subir
l’agitation de groupes isolés de bergers en révolte contre l’État, ou de
groupes financés par le mouvement de Kouffa et son parrain Ansar Dine.
Un
moment critique
La
tentation d’une initiative contestataire identitaire peule est incarnée par
l’ANSIPRJ. Cette organisation est née suite à la défection de quelques jeunes
issus d’une coordination d’associations de la jeunesse peule. Parmi eux, Bakaye
Cissé et Oumar Aldianna ont pris la tête de l’ANSIPRJ. On ignore les effectifs
de cette force. Mais son leader Aldianna est adepte des déclarations
tapageuses. Il a notamment déclaré que son mouvement serait aux prises avec
l’armée malienne partout où nécessaire, crispant des cadres peuls habitués à la
conciliation et redoutant une stigmatisation encore plus grande des communautés
peules du Mali.
Les
rencontres des cadres peuls, menés par l’association Tabital Pulaaku, avec le
gouvernement malien de mars à juillet, ou les prises de contact spécifiques
avec le ministre de la Justice Me Mamadou Konaté, n’ont pas permis de rassurer
sur l’intervention réaliste de l’État au centre du Mali, au plan sécuritaire ou
en matière de développement. Le forum de Niono en mai, entre Bambaras et Peuls
du Karéri, ou les visites du ministre de la Justice dans les prisons de Bamako
en juillet, bien que salutaires, n’ont pas mis fin aux tensions.
Dans ce
contexte, Ali Nouhoum Diallo, président de l’Assemblée nationale du Mali durant
dix ans (1992-2002), et originaire des communautés pastorales du Hayré, a
décidé de lancer une coordination de cadres peuls, en septembre 2016. Longtemps
avant cette création officielle, il a été l’une des figures de la dénonciation
des abus de l’État au centre du pays. Sa coordination, et son ton acerbe face
au gouvernement réveillent les craintes de la division nationale et agitent la
société civile peule. Les capacités de conciliation à l’intérieur du monde
peul, et d’écoute de la part de l’État malien traversent un moment critique.
Peur
omniprésente dans le Centre
Le
développement du Centre est à l’arrêt; la peur y est omniprésente; les besoins
humanitaires sont aigus. Malgré les plaintes visant l’armée, le retour de
l’État (ou plutôt d’un État) est souhaité par de nombreux représentants de la
société civile. Le nord du Mali a longtemps été le point focal des soubresauts
politiques nationaux et l’objet d’attention de la communauté internationale.
Aujourd’hui, le centre – zone tampon – vit une crise politique intense, aux
possibles ramifications internationales si l’on pense à l’étendue continentale
du monde peul.
Comme
on l’a vu, les velléités contestataires prennent plusieurs directions
concomitantes, sans qu’aucune ne s’impose encore aux autres: celle du djihad,
de la revendication communautaire violente, ou de l’activisme non violent
soutenu par la société civile. Dans ce contexte indécis, l’attitude des
autorités maliennes, à commencer par celle des forces de sécurité, peut encore
décider des trajectoires à venir des mobilisations au centre du pays.
Sur un
plan plus général, la situation dans cette région du Mali montre à quel point
la proximité d’acteurs djihadistes armés rebat les équilibres politiques
locaux. Mais elle montre aussi que les trajectoires politiques issues de cette
proximité dépendent intimement de configurations sociales spécifiques.
Douentza, Gao, Tombouctou, Kidal ont réagi à la confrontation avec les
djihadistes chacune à leur manière, inventant parfois des formes
d’accommodement inédites. Quiconque prétend aider le Mali à se défaire de la
menace djihadiste a le devoir impérieux de reconnaître la variété de ces
expériences sociales.
The
ConversationPar Yvan Guichaoua, Maître de conférences sur les conflits
internationaux, University of Kent et Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré, Chargé
de cours, Institut national des langues et civilisations orientales
La
version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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