Le vendredi 21 février
2014
6時、小雨、22℃、75%。7時半、大雨。
サミュエル・フォソという写真家をご存知だろうか。僕は昨日のTV5(フランスの海外向けTV放送、日本のNHK Worldとは違ってフランス紹介番組はない)でインタヴュがあって知った。
ファソの経歴は正にアフリカらしい。生まれはカメルーンだが、ナイジェリアとの国境、一時独立を宣言したビアフラの近くで1962年に生まれている。
ビアフラ戦争は1967年から2年半続いたナイジェリアの内戦である。ナイジェリアは連邦制の多民族国であるが、67年ギニア湾に面している東部のビアフラが分離独立を宣言したことから内戦に突入した。
ビアフラ戦争は、単なるアフリカの内戦にとどまらなかった。ビアフラ戦争におけるメディアの報道がそれまでの戦争と異なる方向に向かったからある。同時代のベトナム戦争についてもいえることだが、内戦を含む戦争に対する考え方を変えさせたといってもよい。即ち、朝鮮戦争では飢餓、飢饉などが問題とされていないし、非人道的行為が戦争、戦闘行為の前にある程度甘受されていた。ビアフラでは栄養失調で骨と皮ばかりに痩せ細り、しかしお腹が異常に膨れあがった子供たちの写真が世界を駆け巡り人々にショックをあたえた。
このビアフラ戦争は70年に終わったことになっているが、政情不安はその後も続きナイジェリア連邦軍がビアフラを包囲する状態は変わらず、カメルーン側の町にもナイジェリア連邦軍が侵略してくる情勢だった。そこでファソ少年(10才)は母方の叔父に連れられて隣国中央アフリカ共和国RCAの首都バンギにやってくるのである。
「母方の叔父」というのがアフリカらしい。子供の養育責任が母系家族では母方の叔父となることが多い。
以来今日まで40年以上ファソはバンギで暮らしてきた。写真家になった経緯も面白い。
叔父の商売(婦人靴販売)を手伝いながら、75年に最初の写真屋を開店した。まだ13才だ。
そこから彼のキャリアが始まる。1994年バマコ(マリ国の首都)で開催されたアフリカ写真家会議でファソの仕事が認められ写真家として知られるようになった。
ファソが本拠地としたバンギのミスキネMiskine区は高級住宅街などではなく、外国人の多い下町である。セネガル、カメルーン、チャド、マリ、コンゴ、ナイジェリア等から来た宗教も違う人々が共存していた。
1972年以来のRCAの政治は独裁者が続いた。ファソが来た頃はのちに皇帝を名乗るボカサ大統領の時代だった。次にフランスのジスカール・デアスタンが仕組んだといわれるダッコDackoによるクーデタ政権、さらにコリンバKolingba、ボジゼBozize、今回失脚したジョトディアDjotodiaと続くのである。
クーデタの旅に略奪や治安悪化が数日間続いた。しかし、独裁者の時代はそれなりの規律と治安が保たれていた。ところが今回は違った。ジョトディアが政権にあったときも、彼が去ったあとも治安が悪く、昨年12月にはキリスト教徒が攻撃され、今年1月には復讐で回教徒が狙われ殺害が繰返されている。略奪も後を絶たない。ファソは今回の混乱はちょっとやそっとでは終わりそうもないと考えている。自身自宅で略奪にあって亡命を決心した。
ファソはナイジェリアに家族を残して今パリで亡命生活を送っている。TV5でファソと一緒に出演したフランス人のエイジェントはフランス国籍をとることを勧めていた。米国やフランスなどで国際的に活躍するファソにはフランス国籍のほうがなにかと便利だからだ。ファソもその積りのようだ。
ファソは「黒い水仙narcisse noir」(黒いナルシスト)と呼ばれることもある写真家だ。沢山の自画像を撮っているからだろうが僕は悪い意味ではないと思う。
バンギの混乱は止みそうにもない。TVでは終始暗い表情のファソだった。
Samuel Fosso, la
Centrafrique dans le sang
20/02/2014 à 16:59 Par
Vincent DuhemDiminuer
Vivant à Bangui depuis
1972, le photographe camerounais Samuel Fosso s'est réfugié, pour l'instant, en
France. C'est en observateur avisé qu'il a assisté à la descente aux enfers de
son pays d'accueil, au bord de la rupture.
Samuel Fosso a quitté
la Centrafrique le 7 janvier comme il y était arrivé près de quarante ans plus
tôt : précipitamment, fuyant la guerre et l'horreur. Un mois après son départ,
la maison de ce photographe de 51 ans mondialement connu a été pillée par des
jeunes de son quartier, à Miskine, dans le 5e arrondissement de Bangui.
À Paris, dans
l'attente d'un visa pour le Nigeria, où vit sa famille, Samuel Fosso semble
encore éprouvé psychologiquement : "Je ne comprends toujours pas ce qui
s'est passé. Il y a eu des affrontements entre les anti-balaka et la Séléka,
dans la confusion mon portail a été détruit." La folie incontrôlée qui
accompagne les scènes de pillages collectifs a tout emporté : tôle ondulée,
câbles électriques. Par chance, plusieurs journalistes occidentaux alertés sont
parvenus à sauver une partie des 15 000 clichés et négatifs qui tapissaient le
sol piétiné par la foule.
Né le 17 juillet 1962
à Kumba, au Cameroun (à la frontière avec le Nigeria), l'Ibo Samuel Fosso a
passé l'essentiel de sa vie en Centrafrique. C'est en observateur avisé qu'il a
assisté à la descente aux enfers de ce pays aujourd'hui au bord de la rupture,
où la soif de vengeance a conduit à un déchaînement de violence inouï et
incompréhensible.
Il n'a pas encore 10
ans et fui son village natal pour échapper à l'armée nigériane, lors de la guerre
du Biafra.
Accompagné par son
oncle maternel, un cordonnier installé depuis plusieurs années à Bangui, il
rallie la capitale centrafricaine le 2 janvier 1972 après un long voyage de
quatre jours. Il n'a pas encore 10 ans et fui son village natal pour échapper à
l'armée nigériane, lors de la guerre du Biafra. Pendant un an, Fosso travaille
chez cet oncle vendeur de chaussures pour femmes dans le 3e arrondissement
(centre-ville), avant de devenir l'assistant d'un photographe nigérian. En
1975, il ouvre un premier studio, le "studio photo national", puis un
deuxième à Miskine. Il ne quittera plus ce quartier, aujourd'hui
majoritairement musulman, considéré comme le poumon économique de Bangui, où il
photographiera plusieurs générations d'habitants.
Gardes impériaux
"À mon arrivée,
le 5e arrondissement était déjà mélangé. Il y avait des musulmans et des
chrétiens, des Camerounais, des Sénégalais, des Tchadiens, des Maliens, des
Congolais ou encore des Nigérians. Très rapidement, l'arrivée massive de
nouveaux étrangers et les commerces qu'ils y ont établis ont permis au quartier
de se développer."
Le studio photo qu'il
prend en main est assez simple. "De grosses cuvettes faisaient office de
réflecteur. Je m'étais inspiré d'une carte postale de Bucarest pour peindre un
fond. Tous les matins, je développais mes pellicules, puis je faisais sécher
mes tirages sur le trottoir. Le soir, après avoir tiré le rideau, je recevais
souvent des amis, on refaisait le monde jusque tard dans la nuit." Son
travail est apprécié, sa réputation se répand comme une traînée de poudre dans
toute la ville. "Les gens venaient des quatre coins de Bangui." Pour
"s'amuser, avoir des souvenirs et finir les pellicules de ses
clients", il s'essaie à l'autoportrait. "Un jeu" qui fait un
tabac lors des premières Rencontres africaines de la photographie de Bamako en
1994. Samuel Fosso est devenu, depuis, l'un des artistes africains les plus
cotés. Ses clichés font le tour du monde.
Fosso a découvert la
Centrafrique au beau milieu du règne de Jean-Bedel Bokassa, chef de l'État puis
empereur resté quatorze ans au pouvoir (1966-1979), avant d'être renversé par
David Dacko, avec l'aide de la France de Valéry Giscard d'Estaing, et dont les
années au pouvoir ne furent que violence spectaculaire, gestion patrimoniale et
clientéliste, succession de scandales. Pourtant, Samuel Fosso, adolescent à
l'époque, en garde un souvenir assez édulcoré. Car pour les Centrafricains,
volontiers nostalgiques, Bokassa demeure aussi l'exemple du vrai chef, celui
qui peut assurer l'ordre et imposer la discipline.
Il se souvient du
couronnement de l'empereur Bokassa en 1977 comme d'une "belle fête".
"J'étais frappé
par la tranquillité. Il n'y avait pas de voleur, pas de coup de feu dans la
ville. La police et les militaires se faisaient discrets. Et puis les choses
étaient moins chères, on pouvait bien vivre avec peu d'argent",
confie-t-il. Il se souvient du couronnement de l'empereur Bokassa en 1977 comme
d'une "belle fête". "Tout le monde venait prendre des photos
dans mon studio. Même les gardes impériaux avec leur costume voulaient un
souvenir."
Résilience
Mais "les choses
ont commencé à se dégrader à partir de 1979". En janvier, le pouvoir
réprime violemment une révolte étudiante. "C'était la première fois que
j'entendais des tirs à Bangui. Je suis resté enfermé dans mon studio pendant
trois jours. On a tué des gens devant moi, j'ai eu peur." Bokassa est
déposé la même année. Les soubresauts militaires ne faisaient que commencer.
Les mutineries qui frappent Bangui en 1996-1997 le touchent directement. Une
nuit de mai 1996, le jour de la fête des Mères, des soldats tentent de piller
l'un de ses voisins et amis. L'homme, un commerçant sénégalais, résiste avant
d'être froidement assassiné. "Nous avions un mur mitoyen. J'ai tout entendu
sans rien pouvoir faire, puis j'ai ouvert la porte et découvert son corps sans
vie." Samuel Fosso tirera de ce drame un autoportrait. Une photo en noir
et blanc, le mettant en scène de dos, nu, l'oreille vissée sur la porte de sa
maison.
De 1972 à 2013, Samuel
Fosso a été témoin de l'instabilité politique chronique. Bokassa, David Dacko,
André Kolingba, François Bozizé, Michel Djotodia, tous ont pris le pouvoir par
les armes. Pour lui, "rien ne les différencie". Comme beaucoup de
Banguissois, Fosso a développé une forme de résilience face à la multiplication
des putschs. "On a commencé à s'y habituer. Tous les coups d'État se
ressemblaient, avec leur lot de pillages et de vols. Ça durait quelques jours,
puis tout rentrait dans l'ordre." Mais quand la Séléka de Michel Djotodia
a pris le pouvoir, en mars 2013, les pillages n'ont pas cessé.
Violence aveugle
Dans son quartier de
Miskine, Samuel Fosso a vu la Séléka recruter à tour de bras au sein de la
population. Des voisins se sont retrouvés "colonels", ont commencé à
martyriser ceux qui n'étaient pas de leur famille ou de leur religion.
"C'était la loi du plus fort. Celui qui avait les armes dominait."
Peu à peu, l'équilibre social et confessionnel s'est rompu. La situation est
devenue particulièrement critique après l'attaque des anti-balaka sur Bangui le
5 décembre. Au petit matin, ces milices animistes, et non chrétiennes, mènent
plusieurs assauts coordonnés avant de se replier en commettant de nombreuses
atrocités. Les représailles de la Séléka, souvent accompagnée de civils
musulmans, sont terribles : en trois jours, plus de 1 000 personnes perdent la
vie.
Samuel Fosso est aux
premières loges. "Tout était très confus. Les tirs ne s'arrêtaient pas, on
ne savait pas vraiment qui était qui. Quelqu'un disait : "Lui, c'est un
anti-balaka", cela suffisait pour qu'il se fasse tuer. On a abattu,
égorgé." Pendant plusieurs semaines, les tirs et les combats n'ont guère
cessé, forçant la population à fuir. Les uns se réfugiant à l'aéroport, les autres
prenant le chemin de l'exil vers le Tchad ou le Cameroun. "On entendait
des tirs de jour comme de nuit, il fallait rester terré chez soi. On ne pouvait
sortir acheter à manger. Moi, j'avais des réserves. Comment ont fait ceux qui
n'avaient rien ?" s'interroge le photographe.
La fuite de la Séléka
a laissé place au déferlement des combattants anti-balaka et des pillards.
"Une violence incompréhensible, aveugle et folle." Aujourd'hui,
Miskine s'est vidé de l'ensemble de sa population musulmane. Son quartier est
brisé. Peut-on encore sauver la Centrafrique ? "On l'espère et on prie
pour, souffle Samuel Fosso. Notre pays est touché par une maladie que l'on
mettra des années à guérir."
Par Vincent Duhem
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